Interview d'une bénévole exceptionelle : Isabelle Calmels
Quel objet symbolise le mieux ta maternité ?
Un hamac-siège que j'ai ramené de Guyane en 1998, j'ai fait mon travail pour Louis dedans. Aux beaux jours, on le sort encore sur la terrasse, il est encore comme neuf, c'est incroyable. J'aimais beaucoup mettre mes enfants dedans, les balancer doucement, les mettre sur nous et nous bercer avec eux. Ce hamac, il est pour moi comme les prémices de la physiologie de l'humain. Il apporte de la douceur, de l'enveloppement, de la sécurité... c'est un cocon.
Mais en réalité, il n'y a pas qu'un seul objet, car la naissance de chacun de mes enfants est associée à un objet.
Peux-tu me parler de ces naissances ?
Pour Louis, j'ai accouché à la clinique. Je crois que j'avais déjà envie d'un accouchement à domicile (AAD) mais que je n'ai pas osé, et pourtant j'étais sage-femme. J'ai reçu un enseignement par la peur, du coup, quand j’étais jeune diplômée, je me disais que l'AAD était dangereux. J'ai donc accouché à la clinique, mais je ne voulais pas de péridurale. J'ai fait tout mon travail dans le hamac-siège le matin, et ensuite dans le Semnoz l'après-midi. J'ai terminé le travail sur un ballon dans ma chambre à la clinique et j'ai été en salle d'accouchement au dernier moment. J'ai eu des ventouses pour accoucher, et ça, dans mon histoire, c'est assez important.
Durant mes études de sage-femme, on m'avait dit que la première indication d'extraction instrumentale en France était l'accoucheur pressé. Je n'avais alors que 21 ans, et loin de penser encore à avoir des enfants, ça m'avait vraiment choquée, offusquée même. J'ai donc eu des ventouses parce qu'il était 1h du matin et que le médecin voulait rentrer chez lui ! Je crois que je suis encore en colère de ça, 19 ans après ! Ça, c'est un élément fondateur dans ma parentalité et ça a marqué un basculement dans ma manière d'être sage-femme. J'ai toujours été dans l'écoute et dans le respect du rythme des mamans, mais encore plus chevillée au corps après. Cet accouchement a été un évènement difficile. J'ai senti quand il était dans mon ventre puis dehors, mais le passage est un souvenir uniquement douloureux, baigné de violence. C'est à ce moment-là que j'ai plongé dans la physiologie de la naissance avec des amies sages-femmes rencontrées à Nais'sens & Parents. Je voulais que, plus jamais, un médecin pressé fasse des choses sur mon corps, ni sur le corps d’aucune femme.
Arthur est né 21 mois après Louis, à la maison, sur le canapé (n.d.a. Isabelle me montre un grand canapé blanc qui trône dans son salon), et Elsa aussi est née à la maison. C'est vraiment là que je me sentais en sécurité. Le meilleur endroit pour une femme pour accoucher c'est là où elle se sent en sécurité. Chacun de mes enfants a un objet lié à sa naissance. Elsa c'est son tapis de salle de bain sur lequel j'étais quand j'ai accouché et Arthur, c'est son canapé. Il a bientôt 17 ans et il ne veut pas qu'on s'en sépare ! Si on venait à le changer, il dit qu'il le voudrait dans sa chambre. Et donc, pour Louis, c'est le hamac.
Que t'apporte ton investissement à N&P ?
J'ai toujours eu une part de bénévolat dans ma vie, plus importante pendant mon congé parental, je peux mettre mes compétences au service des femmes, des mères, au service du changement. J'ai rencontré nombre de mes amies actuelles à N&P.
Je suis toujours admirative de la force des femmes et de cette capacité à trouver des solutions pour elles et leur famille.
Et toi, quelle est ta force de femme ?
L'écoute, l'accueil des émotions et comme toutes les mères, je suis chercheuse. On a tous une capacité d'ouverture de coeur et de se mettre dans ce mode chercheur : c'est ça mon dada ! J'aide les parents, et surtout les mères, à se mettre dans ce mode chercheur pour eux-mêmes et leurs enfants. Chercher derrière des comportements difficiles les besoins, les écouter et ouvrir son coeur. Mes forces, c'est d'avoir ouvert mon coeur et m'être mise en mode chercheur. Et s'accueillir avec bienveillance aussi, c'est essentiel, de là où on en est avec notre histoire. On est des adultes blessés et on fait du mieux qu'on peut avec nos blessures. Accueillir avec bienveillance, c'est ce qui nous permet de ne pas rester à l'arrêt, se mettre en mouvement. La force, c'est de pouvoir se remettre en mouvement.
Peux-tu me parler un peu du thé des familles ?
Au début, quand N&P a proposé des ateliers de motricité libre, il y a eu un vif engouement pour ça, et moi, je faisais le thé des familles dans la foulée, je gardais les mamans et les bébés, pour échanger. Maintenant, les créneaux sont séparés. L'idée est de pouvoir partager ses joies et ses difficultés, ses questionnements. de recevoir du soutien. Je trouve que les jeunes parents peuvent manquer de soutien car on est dans une société où ils sont souvent isolés. Quand on passe la journée avec son bébé, souvent les mamans, on manque un peu de parler avec des adultes. C'est un lieu convivial, informel, il n'y a pas forcément de thème, on vient juste avec l'envie d'échanger et ses questionnements. Je suis là et je peux répondre aux questions, mais ce n'est pas l'objectif principal.
"Almaniak 365 jours pour se mettre à l'éducation positive", qu'est-ce que c'est ?
J'ai coécrit un almanach, dont la réédition vient de sortir (il y a même une version hongroise !). On était 3 consultantes et on avait 6 semaines pour l'écrire, dont 2 semaines à la fin pour relire et classer les textes... c'était horrible *rire* non, c'était une expérience extraordinaire ! On s'est super bien entendues. On devait écrire chacune 25 textes par semaine ! Au début on a listé tous les thèmes qu'on avait envie ou qui nous tenaient à coeur, et on a mis tout notre coeur de mamans et de consultantes pour l'écrire. C'est un outil formidable car on a mis beaucoup de choses, de références de partages d’expériences. Ce qui est intéressant, c'est que ceux qui ne lisent pas ou peu d'habitude -j’ai eu pas mal de témoignages d’hommes, le lisent volontiers car c'est juste un petit texte par jour. C'est un pas à pas aux thématiques variées : l'écoute, les besoins, les émotions, les apprentissages, mais également la fatigue ou encore le burn out. On l'a voulu comme un chemin de questionnement vers sa parentalité et vers soi.
Envie d'échanger avec Isabelle et d'autres parents sur votre parentalité ? Et si vous vous inscriviez au prochain thé des familles ?
N'hésitez pas à découvrir et emprunter l'inspirant almanach d'Isabelle et ses consoeurs dans notre bibliothèque en Click & Collect."
Propos recueillis par Charlène, bénévole au cercle comm' !
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